La première Grande Armée
Préparatifs
au camp de Boulogne
Camp de Boulogne, 5 fructidor an XIII (23 août 1805)
Au maréchal Berthier
"Écrivez au maréchal Bernadotte que, ne sachant point où en veut venir l'Autriche avec tous les mouvements qu'elle fait, j'ai trouvé convenable qu'il réunisse à Göttingen le 27ème d'infanterie légère, les 95ème, 8ème et 94ème de ligne, quatre régiments de chasseurs et de hussards, et vingt-quatre pièces attelées, avec double approvisionnement; qu'il fasse venir toutes les troupes qu'il a à Osnabrück, où il suffit qu'il ait 25 hommes de cavalerie; que cela formera un corps de 10 000 hommes, qu'il fera commander par un général de division et deux généraux de brigade, et qui, réuni à Göttingen, se portera partout où il sera nécessaire; qu'il fasse confectionner à Göttingen 100 000 rations de biscuit, mais qu'il ne démasque pas encore ce mouvement; qu'il gagne quatre jours, de manière qu'au premier courrier qu'il recevra il puisse, en trois jours, avoir tout son corps réuni à Göttingen.
Il recevra un courrier dans deux jours."
Camp de Boulogne, 5 fructidor an XIII (23 août 1805)
Au maréchal Berthier
"Prévenez le général Marmont que mon escadre du Ferrol est partie, le 26 thermidor (14 août), du Ferrol que, si elle arrive, je fais l'expédition ; mais que si, par les vents contraires ou le peu d'audace de mes amiraux, elle est retenue à Cadix, je l'ajourne à une autre année; que, dans la situation actuelle où s'est placée l'Europe, je serai obligé de dissoudre les rassemblements de l'Autriche dans le Tyrol, avant de commencer mes opérations maritimes ; que mon intention est donc que, vingt-quatre heures après qu'il aura reçu un nouvel ordre, il puisse débarquer et se mettre en marche pour prendre ses cantonnements; qu'il gagne plusieurs jours de marche, sans qu'on sache ce qu'il veut faire, mais en fait dans le but de gagner Mayence ; que je désire que, par le retour de mon courrier, il me fasse connaître comment il compte composer son corps, que je désire rester fort de 20 000 hommes, emmenant avec lui le plus d'attelages possible ; qu'il me communique également les dispositions qu'il fera pour le reste de ses troupes ; que la saison est trop avancée pour rien craindre des Anglais, et qu'au printemps il sera de retour ; qu'il suffit que les frontières soient gardées. Il est nécessaire qu'il garde sur cela un secret impénétrable, car, si le cas arrive, je veux me trouver dans le cœur de l'Allemagne avec 300 000 hommes, sans qu'on s'en doute."
Camp de Boulogne, 5 fructidor an XIII (23 août 1805)
Au général Dejean
"Mon intention est que vous fassiez confectionner 500 000 rations de biscuit à Strasbourg, 200 000 à Mayence, et que cet approvisionnement soit prêt pour le 1er vendémiaire (23 septembre). Dans vos ordres, vous laisserez entendre que c'est pour servir de fonds d'appro
visionnement de ces deux places."
Camp de Boulogne, 6 fructidor an XIII (24 août 1805)
Au maréchal Berthier
"Mon Cousin, vous réunirez dans la 5ème division militaire une division de réserve de grosse cavalerie, composée des 1er, 5ème, 10ème et 11ème régiments de cuirassiers ; vous donnerez l'ordre à ces quatre régiments de se rendre sur-le-champ dans la 5ème division militaire, et vous les cantonnerez à Landau et dans les environs. Vous donnerez également l'ordre au général de division Nansouty de partir avec la division qu'il commande pour se rendre à Schelestadt et à Neuf-Brisach, et vous donnerez les ordres nécessaires pour qu'elle y soit convenablement cantonnée dans les environs, en choisissant les lieux les plus abondants en fourrages. Mon intention est que chacune de ces divisions ait un commissaire des guerres qui lui soit spécialement attaché. Il est indispensable que chacun des régiments ci-dessus soit de quatre escadrons; et, pour cet effet, vous ferez partir des dépôts tout ce qui sera disponible, et vous fournirez aux colonels tout ce qui sera nécessaire, pour qu'il y ait au moins 500 hommes présents à la revue dans les quatre escadrons que je viens d'indiquer.
La première division sera sous les ordres du général de division d'Hautpoul. Vous lui ordonnerez, ainsi qu'au général Nansouty, de correspondre fréquemment avec vous et d'une manière détaillée. Chacune des divisions qu'ils commandent aura quatre pièces d'artillerie, savoir : trois pièces de 8 et un obusier.
Le mouvement que je vous prescris doit avoir lieu sans retard. Les rassemblements des Autrichiens dans le Tyrol font que je crois utile, en ce moment, de border le Rhin. Vous me présenterez, pour la division d'Hautpoul, deux généraux de brigade et un adjudant général. Les ordres pour les régiments qui composent ces deux divisions devront partir dans la journée de demain.
Vous ordonnerez au général Baraguey d'Hilliers de se rendre demain à Saint-Omer. Il y passera la revue les 1er, 2ème, 20ème, 4ème et 14ème régiments de dragons. Les trois premiers de ces régiments doivent former une brigade, et les deux derniers, réunis au 26éme de dragons, qui est à Strasbourg, formeront une seconde brigade. Ces deux brigades ensemble formeront la 1ère division de dragons ; elle obéira au général de division Klein, qui aura sous ses ordres les généraux de brigade qui servent sous lui en ce moment. Chacun des régiments ci-dessus indiqués devra être de trois escadrons à cheval, lesquels auront au moins 400 dragons présents sous les armes. Chacun d'eux aura, de plus, un escadron à pied de 300 hommes. Il sera enjoint au général Baraguey d'Hilliers d'envoyer promptement, dans les dépôts de ces différents corps, les majors des corps ou un général de brigade, afin que l'on fasse partir tout ce qui est disponible pour compléter ainsi les six corps en question. Ils devront partir le 5 fructidor (23 août), et vous les dirigerez par l'une des trois routes qui vont à Strasbourg, Cependant vous aurez soin de ne démasquer le mouvement que sur une des grandes places qui se trouvent de quatre à huit marches de Saint-Omer, et c'est pour l'une de ces grandes places que vous leur transmettrez des ordres, vous réservant d'en envoyer d'autres ultérieurement, quand je vous l'ordonnerai moi-même.
Après avoir formé la 1ére division, le général Baraguey d'Hilliers formera la seconde, qui sera composée des 3ème et 4ème brigade. La 3ème brigade comprendra les 10ème, 13ème et 22ème régiments de dragons, et la 4éme brigade comprendra les 3ème, 6ème et 11ème régiments de cette arme ; le commandement de cette division et de ces brigades sera confié au général de division Beaumont ; et ensuite vous me proposerez les destinations à donner pour cet objet.
Cette division devra également se mettre en marche le 9 fructidor (27 août), en suivant la deuxième route qui va à Strasbourg ; mais vous ne lui donnerez l'ordre que pour une des quatre grandes-places qui sont de quatre à huit marches de Saint-Omer, afin de masquer le mouvement.
La 3ème division de dragons sera formée par les 5ème et 6ème brigade. La 5ème brigade comprendra les 5ème, 8ème et 12ème régiments de dragons ; la 6ème comprendra les 9ème, 16ème et 21ème régiments de cette arme. Vous dirigerez cette 3ème division, le 10 fructidor (28 août), par la troisième route qui va à Strasbourg, en ne lui donnant, comme aux précédentes, l'ordre que pour l'une des principales places de quatre à huit marches de son point de départ. Cette 3ème division sera commandée par le général Walther.
La 4ème division sera composée des 7ème et 8ème brigades, et la 7ème brigade le sera des 15ème, 17ème et 27ème régiments de dragons. Quant à la 8ème brigade, les 18ème, 25ème et 19ème régiments de cette arme la composeront. Cette division se mettra aussi en marche, le 10 fructidor (28 août), par une autre route que la 3ème. Cette division sera commandée par le général Bourcier.
Tous les dragons à pied, qui sont à Calais, partiront demain pour Saint-Omer. Le général Baraguey d'Hilliers en formera une division à pied composée de quatre régiments. Chaque division de dragons fournira un régiment, chaque brigade un bataillon ; ce qui fera des bataillons de 900 hommes, des régiments de 1 800 hommes et une division à pied de 7 200 hommes. Mon intention est que chaque division de dragons ait trois pièces d'artillerie (deux pièces de 8 et un obusier), et que la division à pied ait dix pièces de canon, comme une autre division de l'armée. Vous me présenterez demain un projet de mouvement pour l'artillerie, pour que les divisions de dragons et les divisions de grosse cavalerie aient les pièces qui leur reviennent, soit en matériel, soit pour le personnel ou pour les attelages. Cette division de dragons à pied partira toute ensemble sous les ordres du général Baraguey d'Hilliers, le 10 fructidor (28 août), afin que, si cela me devient nécessaire, je puisse sur-le-champ, avec ces forces extrêmement disponibles et légères, envoyer occuper des positions essentielles.
Vous préviendrez M. Dejean de ces mouvements afin qu'il fasse se trouver à Strasbourg les fourrages nécessaires. Vous me ferez connaître les lieux les plus convenables pour réunir ces troupes ; mais la division à pied se réunira à Strasbourg, et vous devez sentir qu'il est indispensable qu'elle est l'artillerie à son arrivée ; car il serait possible que je lui fisse occuper Kehl sur-le-champ. Ne manquez pas de faire donner au général Baraguey d'Hilliers toutes autorisations nécessaires pour qu'il puisse retirer des dépôts de ses vingt-quatre régiments de dragons ce qui est disponible. On défera les caisses de selles qui étaient destinées à l'embarquement."
Camp de Boulogne, 6 fructidor an XIII (24 août 1805)
Au maréchal Berthier
"M. le maréchal Murat partira demain, dans une chaise de poste, sous le nom du colonel Beaumont, se rendra droit à Mayence, où il ne fera que changer de chevaux. Il traversera Francfort et, à cette occasion, reconnaîtra Offenbach ; il se rendra à Würzburg reconnaître la place, y séjournera un jour et demi, et il verra les liaisons de cette place avec Mayence et le Danube, en se faisant rendre compte des des débouchés sur Ulm, Ingolstadt et Ratisbonne.
De là il se rendra à Bamberg sur la Regnitz. De Bamberg il se rendra jusqu'aux frontières de la Bohême, près d'Eger, sans entrer sur le territoire autrichien, et se tiendra sur pays neutre et non occupé par les troupes autrichiennes. Lui défendre expressément de passer en lieux où seraient les troupes autrichiennes. Il verra le rapport entre Bamberg, la Bohême et le Danube, se fera rendre compte des montagnes de Bohême, fera dresser l'itinéraire de la route de Bamberg à Prague, et spécialement des gorges d'Eger, se procurera, avant tout, la campagne du maréchal de Belle-Isle. Il suivra ensuite la Regnitz, en passant par Nuremberg et la Woernitz. Après cela il longera le Danube, sur la rive gauche, traversant rapidement Ratisbonne; arrivera vis-à-vis de Passau, passera là le Danube; parcourra l'Inn jusqu'à Kufstein ; traversera Munich ; viendra à Ulm, de là à Stockach ; verra le champ de bataille de Moesskirh; jettera un coup d'œil sur les différents débouchés de la forêt Noire, et fera en sorte d'être à Strasbourg le 24 fructidor (11 septembre). Il saisira l'ensemble du pays, la largeur des rivières du pays, et ce dont il pourra avoir besoin, en comparant sa position avec le Tyrol et le Danube ; ne s'engagera pas en pays occupé par les Autrichiens ; et, s'ils avaient passé l'Inn, ne pas tomber dans leurs postes ; mènera un officier parlant allemand ou un secrétaire ; on en demandera un à Jean-Bon Saint-André, sans que l'officier le sache.
Les chevaux partiront sans éclat de Paris avec les fourgon et états-majors."
Camp de Boulogne, 7 fructidor an XIII (25 août 1805)
Instructions pour le général Bertrand
"Le général Bertrand se rendra en droite ligne à Munich; il descendra chez M. Otto; il présentera à l'Électeur la lettre ci-jointe ; après quoi, il se rendra à Passau ; il y verra la situation de cette place ; il remontera l'Inn jusqu'à Kufstein ; il en fera une reconnaissance en règle : la situation des lieux, leur distance, la nature des chemins, la largeur de la rivière, la quantité des eaux, la domination alternative de l'une et l'autre rive, les bacs, ponts, gués. Il sera accompagné de quelques ingénieurs bavarois ; mais il aura soin de voir par lui-même, et écrira ce que les ingénieurs pourront lui dire des circonstances de la rivière et des évènements qui s'y seraient passés.
Il suivra ensuite la Salzach jusqu'à Salzburg, de là reviendra à Munich, en passant l'Inn à Wasserburg, et tiendra encore note de cette troisième reconnaissance. Il prendra tous les renseignements à Munich, d'hommes très-connaisseurs, sur les débouchés de l'Isar et autres qui se rendent dans le Tyrol, jusqu'au débouché du Lech.
De Munich il se rendra à Füssen, sans sortir du territoire bavarois. Si Füssen n'est pas occupé par les Autrichiens, il le verra en détail.
De Füssen, il descendra le Lech, dont il fera une parfaite reconnaissance jusqu'au Danube ; reconnaîtra Ingolstadt et Donauwoerth ; longera le Danube, et, allant de l'un à l'autre, il aura vu le Danube à Passau et en tiendra note toutes les fois qu'il le verra de Donauwoerth.
Il fera la reconnaissance de la Regnitz jusqu'à Mein ; de Bamberg il reviendra sur Ulm par la route qu'il jugera à propos ; d'Ulm, il ira à Stuttgart, toujours à petites journées et ne voyageant que le jour, de Stuttgart, il ira à Radstadt, et fera une bonne reconnaissance de la route d'Ulm à Radstadt, sous les points de vue militaires et d'état-major.
Dans toutes ces courses, il aura soin de bien tracer la route d'Ulm à Donauwoerth par la rive gauche du Danube ; de là à Ingolstadt, et de là à Ratisbonne ; de Ratisbonne à Passau, d'après les renseignements.
Nota. Quand il sera à Passau, il reconnaîtra la route qui va de Passau en Bohême, autant que possible sur le territoire de Bavière ; renseignements sur le reste. Peut-on aller à Prague par cette route ?
Il fera la reconnaissance détaillée du petit ruisseau d'Ilz, et la nature des chemins et du terrain, depuis la source de l'Ilz, qui descend des montagnes de Bohême, jusqu'à l'embou-
chure de l’Ilz ; quelle est la largeur de la vallée ; quels sont la nature des chemins, les prin-cipaux bourgs, et la facilité ou les inconvénients qu'aurait une armée qui se porterait sur la rive gauche du Danube, et tournerait par ce moyen l'Inn, et se porterait sur Freystadt et voudrai se porter en Moravie.
Prendre tous les renseignements sur les fortifications qu'aurait faites l'ennemi, soit à Linz, ou Steyer, ou toute autre place, jusqu'à Vienne, et même Vienne.
Bien déterminer, à quel point le Danube porte bateau, soit pour la descente ou la remonte. Il fera une reconnaissance très-détaillée sur Ulm : population, position militaire, etc. ; il tiendra note de ce qu'on lui dira sur l'Ems, sur l'espèce des difficultés qu'il peut présenter, de même que si la largeur du Danube derrière le Trasen, à quelques lieues de Vienne, quatre à cinq.
De Rastadt il se rendra à Fribourg, de Fribourg à Donaueschingen, et de là à Bâle ; et de là il viendra me rejoindre sur Huningue, sans passer sur le territoire suisse ; en longeant la rive droite du Rhin, il fera une reconnaissance de la position de Stockach.
M. Bertrand m'écrira de Strasbourg pour me faire connaître toutes les rumeurs du pays sur la guerre, la paix et les mouvements des Autrichiens ; il ira à Stuttgart, où il verra M. Didelot ; il dira ce qu'il entendra dire sur les forces des Autrichiens dans le Tyrol ; il enga-gera M. Didelot à faire un mémoire sur toutes les possessions de l'Autriche en Souabe, anciennes ou acquises depuis le traité de Lunéville, en faisant à peu près une statistique ; à son retour il pourra me donner ces mémoires, ce qui ferait voir qu'il ne perd son temps là.
Il m'écrira de Munich tout ce qu'on dit sur la situation des Autrichiens sur l'Inn et dans le Tyrol : sa présentation à l'Electeur et tout ce qui est relatif à l'autre partie de sa mission ; de Munich il m'expédiera un courrier pour me donner de ses nouvelles. De Stuggart, M. Didelot enverra, par un de ses gens, sa dépêche à Strasbourg ; elle sera adressée au préfet, qui me la fera passer où je serai. De Passau il me fera les reconnaissances, celle de l'Inn et du Danube à Passau, et celle de 1'Ilz, et tout ce qui est relatif à la rive gauche il l'enverra par une estafette à M. Otto, qui la fera passer par un des nombreux courriers allant à Vienne ou Munich.
De Salzburg il m'enverra la reconnaissance de l'Inn ou de la Salza, qui sera envoyée par une estafette à M. Otto ; si les Autrichiens étaient à Salzburg ou qu'il y eût des inconvénients à s'y rendre, il n'ira pas ; de Munich il m'enverra la reconnaissance du chemin de Salzburg à Munich et celle de la rive gauche du Danube, d'après les renseignements.
Partout son langage sera pacifique ; il parlera de l'expédition d'Angleterre comme immi-nente : les troupes embarquées, il ne montrera aucune inquiétude, même à nos agents ; ne fera aucune attention aux préparatifs de l’Autriche : qu'ils ne peuvent commencer la guerre, que cela n'aurait pas de sens. "
Camp de Boulogne, 7 fructidor an XIII (25 août 1805)
Au maréchal Berthier
"Tous les renseignements que je reçois par mes courriers me font prendre le parti de ne pas perdre un jour. Je désire donc que le mouvement de dragons se fasse dès demain ; que les dragons à pied partent également demain ; et après-demain 9 (27), je veux commencer le contre-marche de toute mon armée. Vous laisserez à la disposition des généraux de division de faire des séjours ou non. Le moment décisif est arrivé. Un moment de retard nous présentera de plus grands obstacles. Ainsi donc modifiez vos ordres en conséquence, et venez me trouver immédiatement après. Faites partir même demain la 4ème division de dragons ; tracez-lui une quatrième route par le Nord : dirigez-la sur Spire; envoyez cette nuit des commissaires des guerres et des officiers d'état-major sur toutes les trois routes. Vous sentez, quelle est l'importance d'un jour dans cette affaire. L'Autriche ne se contient plus ; elle croit sans doute que nous sommes tous noyés dans l'Océan."
Camp de Boulogne, 7 fructidor an XIII (25 août 1805)
Au maréchal Berthier
"Mon Cousin, préparez des ordres pour le général Marmont et pour le maréchal Bernadotte.
Le général Marmont se mettra en marche avec tout son corps fort de 20 000 hommes, tout son matériel d'artillerie et le plus d'approvisionnements de guerre qu'il pourra emporter. Il se rendra à Mayence : il lui faut quatorze jours de marche. Cet ordre sera expédié le 9 (27), après m'en avoir demandé l'autorisation à dix heures du soir ; il arrivera le 12 (30) ; le général Marmont partira le 14 (1) et sera arrivé à Mayence le 28 (15). Il marchera à la fois, par trois routes, de manière que tout son corps soit réuni à Mayence avant 30 fructidor (17 septembre). Il fera verser la solde dans les caisses des quartiers-maîtres de son corps jusqu'au 1er brumaire (23 octobre).
Vous me présenterez également le 9 (27), à dix heures du soir les ordres pour le maréchal Bernadotte. Vous lui ordonnerez de se réunir à Göttingen. Le courrier ne sera pas arrivé avant le 14 (1). Le maréchal Bernadotte partira le 15 (2) ; il lui faut quatre jours de marche pour se réunir à Göttingen. Recommandez-lui de lever le plus de chevaux d'équipages et de fournir à son corps d'armée le plus d'approvisionnements de guerre et d'artillerie qu'il pourra.
Vous me présenterez également le 9 (27), à dix heures du soir, les ordres pour l'Italie, c'est-à-dire, le départ de tous les corps qui doivent composer la 4ème et la 5ème division et qui sont en Piémont et à Gênes, pour Brescia, ainsi que tous les régiments d'artillerie, de chasseurs, de dragons et cavalerie qui se trouvent en Piémont. Faites armer et approvi-sionner sur-le-champ les citadelles de Turin et d'Alexandrie, que mon intention est de garder cette campagne, puisque Alexandrie ne peut pas encore remplir mon but. Votre ordre arrivera le 14 (1) ; ainsi, avant le 30 (17), tout sera prêt à Brescia.
Vous me présenterez également le 9 (27), à dix heures du soir, l'ordre de mettre en route la première division du corps du maréchal Davout par une des routes de gauche, la première division du corps du maréchal Soult par une des routes du milieu, et la première division du corps du maréchal Ney par une des routes de droite. Ce premier mouvement se fera le 10 (27) ; le 12 (30) partiront les deuxièmes divisions, et le 13 (31) les troisièmes : et comme il faut vingt-quatre jours de marche pour se rendre sur le Rhin, elles y arriveront pour le 1er vendémiaire (23 septembre). Chaque corps d'armée laissera un régiment, savoir : le corps du centre, le 72ème ; le corps de droite, le 1er d'infanterie légère, et le corps de gauche, le régiment qui est le plus faible et qui a le plus de conscrits. Les 3ème bataillons de ces régiments viendront les joindre au camp ; indépendamment de ces bataillons, trois 3ème bataillons des corps de la droite se rendront au camp d’Ambleteuse ; six 3ème bataillons des corps du centre se rendront à Boulogne ; et un 3ème bataillon du corps de la gauche se rendra à Étaples. Par ce moyen, il restera au camp neuf bataillons entiers, et dix 3ème bataillons, ce qui fera dix-neuf bataillons.
La division Gazan et la 4ème division du centre partiront par les deux meilleures routes, immédiatement après les autres divisions. Vous ordonnerez de donner sur-le-champ, des magasins, à chaque soldat de la division Gazan, la troisième paire de souliers, comme l'a eue toute l'armée.
Vous ordonnerez qu'on fasse partir de Metz des effets de campement pour Strasbourg, de manière qu'au 1er vendémiaire (23 septembre) on ait de quoi tenter (mettre sous la tente) 80 000 hommes. Chaque division partira avec son artillerie, personnel, matériel et attelages, à moins que le premier inspecteur ne garantisse avoir le matériel à Strasbourg. Vous aurez soin qu'avant de partir on ait chargé tous les fusils et que chacun parte bien armé.
Les sapeurs, les officiers du génie, les commissaires des guerre les administrations, etc., tout restera organisé comme il l'est. L'administration partira en règle après la 2ème division. Vous aurez une conférence avec M. Petiet, pour que la manière dont l'armée doit être nourrie soit bien déterminée ; mon intention est qu'elle le soit par les mêmes adminis-trations ; aussi bien dans trois mois puis-je faire une contremarche.
Le prince Murat sera nommé lieutenant de l'Empereur, commandant en chef de l'armée en l'absence de Sa Majesté. Vous me présenterez aussi, le même jour, un ordre au prince Murat d'être rendu à Strasbourg le 24 fructidor (11 septembre), pour commander en l'absence de l'Empereur. Vous nommerez le général Sanson chef de votre bureau topo-graphique. Il préparera les cartes relatives au théâtre de la guerre en Allemagne et en Italie. Vous vous concerterez avec le ministre la marine, pour me présenter, aussi le 9 (27) au soir, un projet de décret pour que la flottille d'Étaples et de Wimereux soit transportée à Boulogne, excepté une division de chaloupes canonnières. Cependant, si la flottille d'Étaples pouvait remonter jusques auprès de Montreuil, je préférerais la placer là, et que toute la flottille de Boulogne, excepté les prames et les chaloupes canonnières, soit conservée à flot au-delà du barrage.
Que les vivres et les munitions, et tout ce qui pourrait péricliter, soient transportés au château de Boulogne ; que huit compagnies d'artillerie, qui sont à Douai, viennent ici pour le service des côtes. Vous laisserez un corps de gendarmerie pour empêcher la désertion des matelots, qui tous sont armés de fusils et feront le service, sous le commandement de leurs officiers, pour défendre la flottille jusqu'au retour de l'armée.
Un général de brigade commandera à Étaples, un à Ambleteuse et un à Boulogne. Un général de division commandera tout l'arrondissement de l'armée depuis et y compris Gravelines, jusqu'à la Somme. Il sera laissé à Boulogne une compagnie d'artillerie légère avec deux batteries mobiles. L'unique soin du général de division sera de veiller à la sûreté de la côte et des ports et à la conservation des camps. Peut-être serait-il aussi convenable d'enfermer à Boulogne la flottille batave afin qu'il n'y ait que ce point à garder, ce qui n'empêcherait pas de laisser la même disposition aux troupes, d’après la facilité de transporter d'Ambleteuse à Boulogne. Jusqu'à nouvel ordre et jusqu'à l'arrivée des 3éme bataillons, la division italienne campera à Boulogne ; elle recevra l'ordre de rejoindre la grande armée lorsque les 3e bataillons commenceront à être fortifiés de conscrits. Le général Taviel restera à Boulogne pour commander les batteries. Les 500 hommes des canonniers de la marine y resteront aussi pour ce service.
Les places de Dunkerque, Gravelines, Calais, la haute ville de Boulogne, seront, seront armées comme il convient en temps de guerre.
Faites partir, le 10 au matin, la division de cavalerie légère que commandait le général Boursier ; envoyez-la sur Spire par la quatrième route, de manière qu'elle ne gêne pas les trois grandes routes de l'armée.
Les trois bataillons qui se rendront à Ambleteuse sont le 3éme du 23éme de ligne, les deux du 17éme. Il suffit que ces corps soient rendus à Boulogne avant le 15 fructidor. Le 21e d'infanterie campera le plus près possible des vaisseaux.
Les six bataillons destinés à Boulogne sont le 3éme du 36éme, le 3éme du 45éme, le 3éme du 55éme, le 3éme du 46éme, le 3éme du 28éme et le 3éme du 65éme.
Les trois régiments italiens viendront, le 1er à Boulogne, au camp de gauche : ils y resteront jusqu'à nouvel ordre, c'est-à-dire jusqu'à ce que les dix-neuf bataillons soient bien organisés et un peu renforcés.
Il y aura deux compagnies d'artillerie fortes au moins de 120 hommes, toutes deux à Ambleteuse ; deux compagnies pour la droite de Boulogne ; deux compagnies pour la gauche ; deux compagnies pour Étaples. Le général d'artillerie désignera les compagnies ; ce ne devront pas être celles destinées à l'expédition.
Le général Taviel commandera l'artillerie. Il aura quatre officiers supérieurs d'artillerie, campés un au camp de droite de Boulogne, un au camp de gauche, un à Ambleteuse et un à Étaples."
Camp de Boulogne, 28 août 1805
Au maréchal Berthier
"Mon Cousin, je désire que vous fassiez faire deux boîtes ,à compartiments - une pour moi, et l'autre pour vous. Elles seront distribuées de telle sorte que, d'un coup d'œil, on puisse connaître, à l'aide de cartes écrites, les mouvements de toutes les troupes autrichiennes, régiment par régiment, bataillon par bataillon, et même jusqu'à ceux des détachements un peu considérables. Vous les partagerez en autant d'armées qu'il y a d'armées autrichiennes, et vous réserverez des cases pour les troupes que l'empereur d'Allemagne a en Hongrie, en Bohême, ou dans l'intérieur de ses États. Tous les quinze jours vous m'enverrez l'état des changements qui auront eu lieu pendant la quinzaine précédente, en vous aidant de tous les moyens que vous donneront, pour cet effet, non-seulement les gazettes allemandes et italiennes, mais encore les divers renseignements qui vous parviennent ainsi qu'à mon ministre des relations extérieures, avec lequel vous vous concerterez pour cet objet. Ce sera le même individu qui devra faire jouer les cartes dans la boite et dresser l'état de situation de l'armée autrichienne chaque quinzaine.
Il faut charger de cette besogne un homme qui s'en occupe constamment, qui sache bien l'allemand, qui reçoive toutes les gazettes de l'Allemagne et fasse toutes les mutations en conséquence."
Camp de Boulogne, 28 août 1805
Au maréchal Berthier
"Vous ferez partir, le 13, ma Garde à pied et à cheval, qui est à Boulogne, ainsi que toute l'artillerie, qui doit consister en quinze pièces de canon.
Elle partira, le 13, pour se rendre à Strasbourg, où elle sera casernée dans la ville.
Ordre au maréchal Bessières de faire partir deux bataillons de la garde italienne, deux bataillons de la garde impériale et tout ce qu'il y a de disponible de grenadiers et de chasseurs à cheval et d'artillerie, avec chirurgiens, ambulance, etc., et tout ce qui est nécessaire pour faire la campagne. Ils se mettront en route, le 13, de Paris pour Strasbourg.
Ces six bataillons de ma Garde, les deux régiments à cheval, grenadiers et chasseurs et artillerie légère, seront casernés dans la ville de Strasbourg.
Partout où se trouvera l'Empereur, la ville sera commandée par un des maréchaux de l'Empire de service près l'Empereur.
Donnez ordre au général d'artillerie de faire préparer l'équipage de pont qui est à Strasbourg, et de réunir le matériel nécessaire pour construire deux ponts sur le Rhin, aux lieux qui seront désignés."
Camp de Boulogne, 28 août 1805
Au général Dejean
"Monsieur Dejean, le ministre de la guerre a dû vous faire passer différents ordres pour mettre en état de faire la guerre mes armées d'Italie et du Rhin ; vous pouvez la regarder comme certaine. J'ai donné des ordres pour pourvoir aux capotes et souliers nécessaires à l'armée. Faites-moi connaître si vous avez quelque chose de disponible à Paris. J'ai besoin que vous donniez des ordres à tous les régiments de cavalerie de se remonter à toute force. Je ne vois pas d'inconvénient à leur distribuer pour cela un million. J'ai mis à votre disposition une somme extraordinaire de 2 200 000 francs, dont un million pour l'achat de chevaux du train et de l'artillerie et 1 200 000 francs pour les capotes et souliers. Occupez-vous des charrois ; faites construire à Sampigny. Il y a un- marché pour des transports ici ; voyez à lui donner une plus grande extension. J'imagine que vous avez pourvu à ce que j'aie du biscuit à Mayence et Strasbourg ; j'en ai ici beaucoup. Il faut faire manger la partie faite depuis vingt mois ; il restera ici plus de vingt mille bouches ; la partie qui est faite depuis douze-mois pourra être conservée. Il se peut que les affaires s'arrangent après quelques batailles, et que je revienne sur la côte.
Faites hâter la fourniture de draps de l'an XIV ; c'est de la plus grande urgence.
Vous allez avoir dans toute la 5éme division militaire, depuis Mayence jusqu'à Schelestadt, 5 à 6 000 chevaux d'artillerie, 9 000 chevaux de dragons, 8 ou 9,000 de chasseurs et de hussards, 4 à 5 000 de grosse cavalerie et 1 500 de la Garde, indépendamment de ceux de l'état-major. Je désire que le service soit fait par la même administration qu'à Boulogne, surtout pour le pain et la viande. Ne perdez pas un moment à faire accaparer des vins et des eaux à Landau, Strasbourg et Spire. Landau sera un des principaux points de rassemblement.
J'imagine que Vanterberghe envoie à Strasbourg les mêmes individus qu'à Boulogne.
Les premières divisions sont parties ; voyez-le pour cela. Je vous ai demandé 500 000 rations de biscuit à Strasbourg ; je ne verrais pas d'inconvénient à les diviser ainsi : 200 000 à Strasbourg ; 200 000 à Landau, et 100 000 à Spire. J'attends de vous deux états, dont le premier me fasse connaître le nombre existant de chevaux propres au service de chaque régiment de cavalerie, ce qui existe en caisse de leur masse, et l'état des chevaux qu'ils peuvent se procurer ; le second état me fera connaître la situation de l'habillement de tous les corps de la Grande Armée, et le temps où ils auront l'habillement de l'an XIV.
Le ministre de la Guerre vous aura envoyé l'organisation de la Grande Armée partagée en sept corps. Pensez aux ambulances, et occupez-vous sans délai des détails de l'organisation de cette immense armée. Je vous dirai, mais pour vous seul, que je compte passer le Rhin le 5 vendémiaire (27 septembre) ; organisez tout en conséquence. Il me reste à vous ajouter que cette lettre doit être pour vous seul, et qu'elle ne doit être lue par personne. Dissimulez, dites que je fais seulement marcher 30,000 hommes pour garantir mes frontières du Rhin. Avec les chefs de service auxquels on ne peut rien dissimuler vous leur ferez sentir l'importance de dire la même chose que vous."
Camp de Boulogne, 28 août 1805
Au maréchal Bessières
"Mon Cousin, je vous ai fait connaître que je vous confiais le commandement de ma Garde. Veillez à ce qu'elle ne manque de rien. Il faut des ambulances, des caissons pour le transport de ses subsistances et de ses bagages. Je ne puis trop fixer le nombre qui vous serait nécessaire, mais je crois qu'une vingtaine de caissons ne serait pas de trop. L'armée ne sera que trop dépourvue. Ainsi, allez de l'avant. Faites faire ce qui vous manque, et, par le retour de mon courrier, présentez-moi l'état de l'excédant de dépenses qui pourrait être nécessaire.
J'ai ordonné qu'on fasse acheter des chevaux et confectionner des harnais pour l'artillerie. Il faut que ma Garde n'ait besoin de rien de l'armée, ni pour le transport de ses vivres, ni pour ses chirurgiens, ni pour ses médicaments."
Camp de Boulogne, 28 août 1805
Au maréchal Mortier
"Mon Cousin, mon intention est que ma Garde ait vingt-huit pièces d'artillerie bien attelées, avec l'approvisionnement et les cartouches nécessaires pour une division de 6,000 hommes. Ces vint-quatre pièces seront servies, savoir : seize par ma garde impériale et huit par ma garde royale. Elles seront partagées en trois divisions, chacune de huit pièces.
Voyez le général Songis pour que le matériel soit complété. Achetez les chevaux qui vous sont nécessaires, et faites confectionner sans retard vos harnais.
Remettez-moi un état de la dépense des chevaux, harnais, de ce que le ministre vous accorde, ainsi que de ce qui vous est nécessaire. Je désire aussi avoir le détail de l'équipage et le nombre de voitures qu'il comporte."
Camp de Boulogne, 29 août 1805
Au maréchal Berthier
"Je vous ai déjà donné l'ordre de mettre en marche pour Alençon le 116e d'infanterie légère et le 105e de ligne, sous les ordres du général Desjardins. Mon intention est que vous donniez le même ordre aux deux bataillons du 44e de ligne, qui sont à Brest, ce qui achèvera de compléter la division du général Desjardins.
Vous composerez une autre division des deux bataillons du 63e qui sont à Brest, du 7e d'infanterie légère et du 24e de ligne, qui se dirigeront, par la plus courte route, également sur Alençon. Vous ordonnerez, à cet effet, que tout le 7e d'infanterie légère et le 24e de ligne soient débarqués des vaisseaux, les troupes n'y étant pas comme garnison. Vous nommerez le général Sarrut et le général Sarrazin pour commander ces troupes, sous les ordres du général Mathieu, commandant la division.
Chacune de ces divisions se trouvera ainsi composée de neuf bataillons.
Les administrations, les commissaires des guerres, les sapeurs, les compagnies d'artillerie, qui étaient attachés à l'armée de Brest, seront partagés entre ces deux divisions. Il sera également tiré du parc de Brest douze pièces d'artillerie attelées pour être attachées à chacune de ces divisions.
La Grande Armée sera composée de sept corps :
1er corps, composé de deux divisions, chaque division de trois régiments, c'est-à-dire neuf bataillons, plus une division de cavalerie légère de quatre régiments. Ce sera le corps de Hanovre, que commande le maréchal Bernadotte ;
2ème corps, sous les ordres du général Marmont, et composé de trois divisions et une division de cavalerie légère ;
3ème corps, sous les ordres du maréchal Davout, composé de trois divisions et une division de cavalerie légère ;
4ème corps, sous les ordres du maréchal Soult, et composé de trois divisions et une division de cavalerie légère ;
5ème corps, sous les ordres du maréchal Lannes, composé de trois divisions et une division de cavalerie légère ;
6ème corps, sous les ordres du maréchal Ney, composé de trois divisions et une division de cavalerie légère ;
7ème corps, sous les ordres du maréchal Augereau, composé deux divisions, chacune de neuf bataillons ; ce corps formera la réserve."
Camp de Boulogne, 29 août 1805
Au maréchal Berthier
"M. Maret vous enverra le décret pour l'organisation des équipages de la flottille. Vous verrez que je les organise en onze équipages. Les équipages seront à peu près de 1,000 hommes; ce qui fera 10 à 11,000 hommes.
Je laisse ici trois régiments italiens et trois régiments français, ce qui fait quinze bataillons.
J'y laisse dix 3e bataillons, ce qui vingt-cinq bataillons. Il y aura donc ici, tout compris, plus de 25,000 hommes, et une grande quantité d'officiers et sous-officiers de terre qui pourront instruire les équipages. Les Anglais ne pourraient donc rien tenter qu'avec une armée de 40,000 hommes. Il n'y aura rien à Étaples. Il suffira que vous ordonniez qu'on arme sur-le-champ la ville de Montreuil. Il n'y aura même à Wimereux rien d'important , puisque je n'y laisse que 18 chaloupes canonnières. Tous les magasins à poudre seront évacués sur la haute ville de Boulogne, Calais, Montreuil, et les petites places fortes voisines. Il y a besoin ici d'un maréchal commandant en chef; de deux généraux de division commandant, l'un la droite, l'autre la gauche de Boulogne; de quatre généraux de brigade sous leurs ordres; d'un général de brigade commandant à Wimereux, un à Étaples et un à Ambleteuse; de huit compagnies d'artillerie, d'un général d'artillerie et de quatre officiers supérieurs d'artillerie.
Je pense qu'avec cette organisation il n'y aura rien à craindre. Le général Marescot laissera des officiers du génie en nombre suffisant. Présentez-moi demain le projet des redoutes de campagne à faire aux environs de Boulogne, de manière qu'on puisse y faire battre les marins avantageusement. La grande quantité d'artillerie qui reste ici y sera employée. Avec la quantité d'hommes, d'outils, de moyens de travail, on peut, en un mois ou six semaines, faire de manière que je puisse retirer une partie des troupes que j'y laisse. Le bon établissement des lignes et la bonne instruction des équipages doivent me mettre à même de tirer cinq ou six bataillons.
Présentez-moi donc les généraux qui doivent composer l'armée de Boulogne.
Je désire également que vous chargiez un général de brigade de se concerter sur-le-champ avec le contre-amiral Lacrosse pour la formation des équipages. Ce général de brigade restera ici jusqu'à ce que cette organisation soit faite. Vous nommerez les adjudants-majors parmi les capitaines des 3e bataillons qui restent. Donnez aussi à l'amiral Lacrosse un adjudant commandant intelligent, pour diriger tous les mouvements et lui fournir les renseignements nécessaires pour cette organisation."